Choisir sa narration – 1ère personne au passé

« Même si le principal volet de ma mission était de délivrer un message, j’ai toujours un terrible scrupule à me montrer bavard. Bien sûr, je vois déjà mon aimable lecteur en train de ricaner sur mon compte, en se disant que pour un type taciturne, le Benvenuto a un sacré crachoir. Eh bien j’ai le regret de dire à mon aimable lecteur qu’il se fourre une phalange ou deux dans l’œil, en plus de risquer des ennuis s’il me croise au coin d’une rue. Je suis tout ce qu’on voudra, beau parleur, phraseur, cabotin, et même un peu éloquent si je m’oublie, oui madame, mais je ne suis pas bavard. Pas du tout. Le bavard est un imbécile qui parle sans réfléchir. Le bavard est un incontinent qui ne garde rien. C’est un panier percé qui ne se rend pas compte de la valeur de la parole. »

(Gagner la guerre — Jean-Philippe Jaworski)

NARRATION À LA PREMIÈRE PERSONNE AU PASSÉ

Je crois qu’en tant que lecteur, c’est sans doute ma narration préférée : j’adore les récits rédigés à la première personne au passé. De nombreux auteurs s’y adonnent, et c’est tant mieux. C’est une narration facile à maîtriser, mais qui impose beaucoup de contraintes dramaturgiques.

Narrateur unique ?

À partir du moment où un récit se fait à la première personne, le narrateur est généralement unique.

Je dis bien « généralement » : il est possible d’avoir des narrateurs multiples à la première personne, le livre faisant alors office de « recueils de témoignages » : ainsi sont conçus les excellents Outrage et Rébellion de Catherine Dufour ou La Horde du Contrevent d’Alain Damasio. Mais ces livres sont minoritaires, relèvent de très bons écrivains, et sont peu nombreux dans le paysage littéraire (ce sont quasiment des exercices de style). Ils exigent d’être capables de créer de multiples « voix » reconnaissables. Je ne te conseille de te lancer dans ce genre de projet que si tu possèdes déjà une solide expérience : si tu souhaites avoir plusieurs personnages de points de vue, une narration à la 3ème personne est probablement plus appropriée à ton projet.

Que le personnage-narrateur soit unique ou pas, l’idée de cette narration reste la même : c’est comme si nous tendions un micro devant la bouche d’un personnage afin qu’il nous raconte l’histoire qu’il a vécue. C’est lui qui parle, avec ses propres mots.

Points forts

Un lien de complicité et de l’attachement

Indubitablement, la plus grande force du récit à la première personne au passé est de créer une relation particulière de complicité entre le lecteur et le personnage narrateur. Une analogie pertinente serait d’imaginer lecteur et personnage, installés dans de confortables fauteuils, devisant au coin du feu : le personnage, en toute intimité, se confie au lecteur. De fait, on se sent très proche de lui, comme un ami ou – du moins – un confident. Le texte, raconté par sa voix, nous en apprend énormément sur son caractère et son mode de pensée. Son regard sur les événements qu’il a vécus, la vision qu’il a de lui-même et de ses actions a posteriori, son vocabulaire et ses expressions, tout cela transpire dans le récit et lui donne toute sa couleur. Et en même temps, c’est une narration où le lecteur reste dissocié du personnage, ce qui lui permet de prendre un tout petit peu de distance si le personnage-narrateur est quelqu’un de dur ou de sombre, difficile à apprécier.

Une forme de témoignage et un sentiment de véracité

Un second intérêt de cette narration est la sensation de réel qui s’en dégage. Le texte acquiert un format de « témoignage » qui donne une impression de véracité. Le récit à la première personne au passé sonne moins fictionnel, plus factuel. Si l’auteur s’y prend bien, il gomme la frontière entre réel et imaginaire, et le lecteur peut facilement croire qu’il s’agit d’une autobiographie et que le narrateur a vraiment existé. Cette sensation peut se manifester même si le récit se déroule dans un univers complètement imaginaire, et cela peut permettre de donner une grande force concrète à un récit de fiction.

***

La première personne au passé est donc une narration à privilégier si on souhaite mettre en valeur un personnage en particulier, si la découverte de ce protagoniste a presque plus d’importance que l’histoire en elle-même. C’est aussi un bon choix si on souhaite donner un aspect « archive » ou « reportage » au récit, factuel et véridique.

Points faibles

Nous avons vu plus haut que, généralement, le narrateur est unique. Cela implique plusieurs difficultés en termes de dramaturgie.

Une scénarisation plus compliquée

Le personnage narrateur ne peut raconter que ce qu’il a vu/vécu, et ne sait rien de ce que pensaient les autres personnages. Il peut éventuellement raconter des choses qu’on lui a rapporté a posteriori, mais c’est souvent moins intéressant, plus distant à lire. Ainsi, le mieux est que le personnage soit présent dans toutes les scènes importantes du récit, et c’est un vrai handicap pour le travail de scénarisation.

Le personnage narrateur doit aussi avoir une raison de raconter son histoire, ainsi qu’une idée d’à qui il s’adresse. Cela peut sembler négligeable (et certains romans font l’impasse sur ce point), alors que c’est quelque chose de fondamental pour cette narration : c’est cela qui lui donne l’illusion de réel. Le tempérament du personnage doit lui permettre de nous raconter son histoire (s’il est introverti, timide et taciturne, il n’aura aucune raison de nous faire le récit d’un événement honteux, par exemple). Cela induit des contraintes fortes sur la caractérisation : on ne peut pas écrire à la première personne au passé avec n’importe quel personnage.

Exemple : L’assassin Benvenuto Gesufal (cf. extrait en introduction) écrit ses mémoires pour se constituer une sorte d’assurance vis-à-vis de ses employeurs : une excellente raison de « tout balancer », y compris les détails les plus sordides. Il a (on le voit !) le caractère et tout le bagout nécessaires.

Autre exemple : les romans centrés sur Sherlock Holmes, de Sir Arthur Conan Doyle. Ils sont racontés à la première personne, mais l’auteur n’a pas fait l’erreur de choisir le célèbre détective comme personnage narrateur : il a choisi le Dr Watson. Premièrement, cela évite au lecteur de côtoyer de trop près un personnage hautement égocentrique, qui n’a absolument rien de sympathique, ni aucune raison de perdre son temps à raconter ses enquêtes ; secondement, le génie de Holmes lui fait régulièrement deviner la solution du mystère très tôt, ce qui serait une nuisance pour le suspens du récit s’il en était le narrateur. Faire conter l’histoire par Watson contourne ces deux obstacles. Sa fascination et son amitié pour Holmes nous aident à apprécier ce drôle de génie, et le témoignage de Watson fait si « vrai » que certains lecteurs pensent que le détective a réellement existé.

Gare au mélodrame

Le narrateur sera (le plus souvent) le personnage principal (protagoniste), celui qui vit l’histoire. C’est donc ce personnage qui affrontera le plus d’épreuves. Or, c’est très difficile de raconter ses propres souffrances à la première personne sans tomber dans le mélodrame (c’est le problème de Fitz dans la série L’Assassin Royal de Robin Hobb) ; c’est aussi difficile de raconter ses réussites ou exploits sans paraître vaniteux (c’est le problème de Kvothe dans la série Le Nom du Vent de Patrick Rothfuss). Selon ce qu’il va se passer dans l’histoire, cette narration peut entraîner de réelles difficultés d’écriture lors des points clefs et des climax.

Un récit moins immersif

La narration à la première personne au passé crée une distance entre l’action et le lecteur (car le personnage narrateur s’intercale en relais entre les deux). Cela donne un effet particulier, très agréable pour la complicité qu’il tisse. Néanmoins, le récit à la première personne au passé n’est pas d’une grande immersion dans l’action (puisque le lecteur a conscience du narrateur intercalé entre lui et l’action passée qui est racontée) et ne donne pas une impression « d’immédiat ».

Tenir sa narration

Le grand avantage de la narration à la première personne au passé, c’est que nous la pratiquons toutes et tous depuis notre plus jeune âge au quotidien : nous racontons régulièrement aux autres ce qui nous est arrivé (hier, la semaine dernière, l’été dernier). C’est donc une narration très facile à « tenir », avec laquelle un auteur a peu de chance de commettre des impairs. Nous savons, instinctivement, comment on écrit ou parle à la première personne au passé. Le risque principal est d’écrire de façon trop « littéraire », càd en oubliant que c’est le personnage qui raconte l’histoire (et non nous, auteur).

Trouve la « voix » du personnage

Le personnage-narrateur est censé avoir sa « propre voix », sa propre façon de parler, ses expressions, ses tournures de phrase, sa façon de penser. Écrire un récit à la première personne, c’est le faire avec la voix du personnage, pas la sienne propre. Si ce n’est pas pour développer une vraie personnalité autour de ce protagoniste, écrire à la première personne n’en vaut pas la peine, alors fais en sorte de trouver une « voix » à ton personnage.

Sois lucide pour lui

Le personnage nous raconte son histoire a posteriori des faits. C’est comme quand tu racontes tes souvenirs de vacances à tes amis : tu as le recul sur les événements, et tu peux donc éluder les éléments peu intéressants, et mettre l’accent sur les faits importants. Tu vas instinctivement éluder les repas ordinaires, mais décrire en détail le festin de ce restaurant extraordinaire où tu as dîné le premier soir. Tu passeras rapidement sur la journée où il pleuvait et où tu es resté à l’hôtel, mais racontera avec un luxe de précisions la journée du lendemain où tu as fait cette fantastique excursion. Tu commenteras tout ça avec ton avis a posteriori. Il en va de même avec une fiction qui émule cela : le personnage narrateur a du recul sur les événements et va choisir de nous raconter ce qui était important pour lui. Il peut aussi commenter ses décisions et actions de l’époque, avec le recul, ce qui peut permettre de créer de l’ironie dramatique. Enfin, le personnage a choisi de nous parler et de nous raconter son histoire : il devrait donc chercher à être clair, à s’expliquer, à nous donner ses pensées et ses ressentis. Il devrait s’efforcer de ne pas nous perdre avec des élucubrations stériles ou des descriptions lyriques inutiles. Quand nous racontons notre vie à nos amis, ces derniers peuvent nous interrompre pour nous poser des questions. Le lecteur, lui, ne peut pas interrompre le personnage si quelque chose n’est pas clair : fais en sorte qu’il n’en ait pas besoin. S’il ne voulait pas nous expliquer ce qu’il a vécu, il ne nous adresserait pas la parole. Donc, pour résumer, évite :

  • de passer trop de temps à raconter des choses inutiles (le personnage est censé être capable de faire le tri entre ce qui a un intérêt et ce qui n’en a pas, puisque c’est son histoire).
  • de faire de la rétention d’information (le personnage est censé faire en sorte qu’on comprenne au mieux son récit et devrait donc rechercher la clarté).

À noter que le personnage narrateur peut mentir au lecteur. Bien sûr, pour que cela ait un sens, encore faut-il que tu saches pourquoi il le fait : à qui raconte-t-il son histoire, et pour quelle raison serait-il malhonnête dans son discours ?

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Pour conclure cet article, nous résumerons donc en disant que le récit à la première personne au passé est relativement simple à écrire en termes de narration, mais qu’elle pose de nombreuses contraintes au niveau de la dramaturgie (scénarisation, caractérisation du personnage). Néanmoins, si tu sais contourner ces difficultés, c’est une narration qui te permettra d’exprimer ta maîtrise de la langue et tout l’intérêt pour ton personnage, en donnant à ton texte un aspect réaliste et factuel. La complicité avec le personnage devrait pouvoir compenser le léger manque d’immersion.

Tu veux t’entraîner sur cette narration ? J’ai rédigé un article « cas pratique » sur les pièges de la narration à la première personne.


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Sommaire
Narration à la première personne au présent
Narration à la troisième personne externe – narrateur omniscient
Narration à la troisième personne en focalisation interne
Synthèse


(35 commentaires)

    1. Surtout, j’essaie vraiment de ne pas créer de polémique. Ceci étant dit : qu’un narrateur « perceptible » (personnage qui raconte à la première personne, ou narrateur omniscient) éloigne le lecteur de l’action n’est pas « mon avis », c’est un fait. C’est peut-être le terme « impliqué » que j’ai mal choisi : à la première personne, un lien se tisse entre lecteur et personnage, et on est donc « impliqué » dans ce qui lui arrive (dans le sens « ça nous touche »). Néanmoins, cet intermédiaire dans le récit nous éloigne de l’immédiateté de l’action. J’espère avoir clarifié ma pensée, qui se précisera également avec les articles suivants 🙂 Merci pour vos visites régulières et vos commentaires, et à bientôt ! 🙂

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  1. Les différents points de vue me passionnent, tu les a qualifiés d’exercice de style, c’est vraiment ça, quand on connaît la difficulté qu’il faut affronter pour les utiliser à bon escient ! Il faut bien s’entraîner mais le jeu en vaut la chandelle Merci de ce bon partage,

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  2. Une bien belle découverte que ton blog et ses conseils avisés, alors que je me prépare à écrire mon premier jet. Je pense choisir le « je » en essayant d’éviter les erreurs que tu cites. Se pose maintenant la question … du temps ! Présent ou passé ? Comme il s’agit d’une histoire qui s’est déjà déroulée, narrée 34 ans après, je pense que le passé s’impose. Bref, merci merci !

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    1. Le temps de narration sera un article qui suivra cette série, mais tu n’as pas à te poser de question : en français, le temps de narration, c’est le passé, point barre 😉 (en fait mon article passera tout son temps à expliquer à ceux qui écrivent au présent que c’est – dans 90% des cas – une mauvaise idée)

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      1. Voilà un dilemme de moins pour moi ! Mon problème du moment est le choix du narrateur : j’ai éliminé la 3ème personne centrée… maintenant je rejette l’idée d’une histoire avec 3 récits en je… bon, je cherche : je vais vers la 3ème personne omniprésente… ah pas facile d’être un débutant auteur !!! 😃

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        1. Pourquoi renoncer à la 3ème personne focalisée ? C’est le plus simple à gérer pour quelqu’un qui n’a pas un grande expérience. Si tu envisageais trois récits à la première personne, cela semble signifier que tu as trois personnages très importants, non ? Tu pourrais écrire à la 3ème personne focalisée, en te centrant sur un personnage différent à chaque chapitre. Cela fonctionne très bien. L’omniscient est une narration très difficile à maîtriser si tu débutes.
          🙂

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          1. Oui, j’étais en train de relire ton article sur la 3ème personne focalisée. Je m’embrouille un peu… Merci pour ton conseil.
            Tous tes articles sont très intéressants et instructifs. Ils m’ouvrent des questionnements qui n’existaient pas lors que j’ai rédigé mon 1er jet, l’année passée. Maintenant, je me sens plus apte à écrire un 2ème premier jet !

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  3. Enfin un article clair sur le sujet, je ne parvenais pas à avancer car au beau milieu de l’écriture (c’est ma première tentative d’écriture d’un roman) j’ai été prise d’un doute affreux, et si écrire à la première personne n’était pas la bonne option? Je n’ai trouvé que peu d’infos objectives mais ton article m’éclaire!
    Qu’entends-tu par la création de climax exactement?

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    1. Les climax sont les moments les plus forts en émotions du livre. Il y en a au moins un, vers la fin du récit, avant la conclusion, mais il peut évidemment y en avoir bien plus. Or, plus le protagoniste est face à une émotion forte (dilemme insoluble, choix cornélien, grande souffrance physique ou morale, mais aussi joie intense ou immense fierté), plus il est difficile d’user d’une voix juste pour le raconter. Avec les émotions négatives, les récits à la première personne tombent souvent dans le pathos ; avec les positives, le personnage peut sembler un peu vaniteux. C’est l’un des rares défauts que les lecteurs reprochent à la série de « L’Assassin Royal » de Robin Hobb : les livres sont géniaux, mais Fitz vit tellement d’épreuves difficiles et a tant tendance à s’apitoyer sur lui-même qu’il donne parfois envie de le baffer 😉

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  4. Merci pour tous tes articles 🙂 Je viens de tomber sur ton blog un peu par hasard, et c’est vraiment une mine d’informations et de réflexion 🙂
    Personnellement, j’aime la première personne, mais je trouve que le plus grand problème de cette narration, en tant qu’auteur, et qu’on ne peut pas réellement connaître le point de vue des autres personnages sur le narrateur, tout est biaisé par sa vision. Et alors, il faut être vraiment très subtil, pour faire passer aux lecteurs des messages que le narrateurs rapportera sans comprendre vraiment ^^ Par exemple, si un personnage se trouve laid et est persuadé que tous les autres le trouve laid, mais qu’en fait il est beau (c’est pas l’exemple du siècle mais bref ^^ »), il devient très compliqué de faire comprendre aux lecteurs que le personnage, en fait, est beau. Pareil, pour le décrire physiquement, c’est galère (parce que bon, les gens qui se voient dans des miroirs et éprouvent soudainement l’envie de se décrire, y’a un moment où ça va, hein ^^). Je préfère en général un narrateur à la troisième personne qui change de points de vue :). Par contre pour la manipulation, c’est l’idéal ^^ Quand j’écris des nouvelles fantastiques, c’est presque toujours à la première personne, pour appuyer sur les doutes et les croyances du narrateur, qui perd pieds avec la réalité ^^
    Je n’avais jamais réfléchis à ce que tu dis, pour l’action, et ça m’a surprise sur le coup, mais maintenant que j’y pense… en effet ^^ (ce commentaire est vraiment constructif, merci, merci ^^).
    J’aurais toutefois une question à soumettre à ton expertise: un récit à la première personne doit-il forcément justifier son existence? Le narrateur doit-il avoir conscience qu’il est en train de faire un récit, et avoir une raison de le faire?

    Bref, c’est à ce moment là que je me rends compte que cet article date de 2016 ^^’
    Mais merci pour ces articles, dont je vais incessamment sous peu continuer la lecture 🙂

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    1. >> Un récit à la première personne doit-il forcément justifier son existence?

      Bonjour Isabelle. Mon avis personnel (et celui de grands noms de l’écriture comme Orson Scott Card) est que « oui ». C’est primordial, et je ne vois pas comment l’auteur peut écrire correctement à la première personne s’il ne sait pas (si le personnage ne sait pas) à qui il s’adresse et pourquoi il raconte les choses. C’est la base, et ce qui modèle le récit. Ce cela qui implique le ton, le choix de ce qui est raconté ou pas. Les auteurs ne devraient pas s’en priver : cela facilite grandement les choses, et il ne faut pas le voir comme une contrainte, bien au contraire ! 🙂

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