Planifier son roman avant de l’écrire… ou pas ?

« Tu vois, cet article, je l’avais anticipé.
— Moi non ! »


Planifier ses écrits, ou se lancer à l’instinct ? Sujet récurrent sur les forums ou les MOOC d’écriture. L’auteur de fantasy GRR Martin pense que, à chaque extrémité du spectre des romanciers, il existe deux sortes d’auteurs.

« En simplifiant, il y a les architectes et les jardiniers. Les architectes créent des plans avant même d’enfoncer le premier clou, ils conçoivent toute la maison : l’emplacement des tuyaux et le nombre de chambres, la hauteur du toit. Ils ont tout prévu, contrairement aux jardiniers, lesquels estiment qu’il suffit de creuser un trou et semer la graine pour voir ce qui arrive. »

GRR Martin

Étant un pur architecte, j’ai demandé l’aide d’une vraie jardinière : Leslie Héliade est l’auteur de La vie ailleurs, bestseller indé régulièrement en tête des ventes Amazon depuis un an. Professeur de français, elle est pour moi un binôme, une partenaire régulière de travail : elle m’aide à épurer mon style, je l’aide à structurer ses histoires. Elle a accepté de participer à cet article un peu particulier, sous forme d’interview croisé.

Est-ce que tu fais un plan de ton récit avant de l’écrire ?

Leslie : Absolument pas ! En général je regarde par la fenêtre le temps qu’il fait et je commence à écrire sur ce qu’il me passe par la tête. Au bout d’un moment, lorsque je vois que le texte prend une direction ou une autre, j’essaie de donner de la cohérence. Cela passe par un énorme travail de réécriture. J’écris très vite (heureusement !) et je suis capable de taper une vingtaine de page en une journée. La conséquence, c’est que j’écris autant que je supprime… sans parler de tout le travail de relecture où je me rends compte que mon héros blond est devenu châtain au milieu du bouquin. Toi, par contre, je crois que tu fais des plans…

Stéphane : Oui, toujours ! Je travaille un récit pendant des jours, des semaines, des mois avant d’en rédiger la première ligne. Je définis un thème, esquisse des personnages, cherche comment l’histoire doit démarrer et comment elle doit finir. Peu à peu j’affine, applique des méthodes de dramaturgie pour étoffer et construire mon intrigue. J’obtiens au final un séquencier, scène par scène. Je ne me lance dans l’écriture qu’à ce moment-là. Je le fais par fainéantise : au stade préparatoire, mon histoire change 36 fois, je la tords dans tous les sens. Si je devais réécrire à chaque fois, je me découragerais. Je n’écris que quand mon scénario sonne juste dans ma tête, contrairement à toi… ce qui m’inspire la question suivante :

As-tu déjà essayé d’écrire un roman avec la méthode opposée ? Qu’est-ce que ça a donné ?

Leslie : J’ai essayé de planifier, un grand nombre de fois… et le résultat a toujours été le même : le livre prend une direction tout autre que celle à laquelle j’ai pensé au départ ! J’en viens à penser qu’il ne sert à rien que je fasse des plans. Cela dit, lorsque mon travail est suffisamment avancé et que je vois où ma muse m’emmène, j’essaie de donner de la cohérence, donc de faire un plan. Et c’est là que je sais si le projet est viable ou non. Et toi, tu as déjà essayé la méthode « jardinier » ?

Stéphane : Pendant des années, j’ai tenu un blog fictionnel où j’écrivais chaque semaine en improvisation. Ce que j’ai appris de cette époque, c’était que 1) mes textes étaient bien meilleurs quand ils étaient préparés ; 2) je ne les « regrettais » jamais. Les textes improvisés, eux, étaient parfois extra… mais souvent anodins, clichés ou mal traités. J’avais envie de les reprendre a posteriori, j’en ai même supprimé certains. En bref, c’était très inégal. Je suis revenu à des pratiques plus méthodiques, afin de produire moins de déchets. Je suppose que ce n’est qu’une façon de voir ! Du coup, je voulais te demander, d’après toi…

Quels sont les points forts de ta façon de faire ? Ses points faibles ? Qu’est-ce qui te donne parfois envie dans la façon de faire opposée ?

Leslie : Franchement ? Je ne vois pas ce qu’il y a de positif dans le fait d’être viscéralement incapable de suivre un plan… C’est à croire que par esprit de contradiction mon cerveau refuse de s’y plier ! J’ai l’impression d’avoir une façon de faire « artiste » comme un peintre qui commence un tableau sans savoir ce qu’il dessinera derrière la maison au premier plan. L’avantage, c’est que je suis à l’aise avec les mots et que j’écris vite. Ce qui me fait envie dans la façon de faire opposée, c’est que c’est rassurant. Je pense que j’aurais moins l’impression de perdre mon temps à écrire des pages que je vais supprimer. Mais de toute façon, j’en suis incapable et ce n’est pas faute d’avoir essayé ! Je suis curieuse de savoir ce que tu vas répondre à cette question : qu’est-ce qui te fait envie, dans la façon de faire des jardiniers ?

Stéphane : Je suis comme tous les auteurs : quand j’ai une idée, j’ai très vite envie d’écrire ! J’aimerais être capable de me lancer directement dans l’écriture tête baissée, tout en obtenant un résultat satisfaisant à la fin. Certains y arrivent, et je trouve ça magique. Quelquefois je t’envie. Chez moi ça ne marche pas. L’inspiration, ça va, ça vient, ça vous embarque à droite, à gauche. Planifier m’assure que toutes les composantes (univers, personnages, intrigues) vont bien dans le même sens. C’est un fil d’Ariane. Cela rend les modifications et les nouvelles idées plus faciles à gérer, car j’ai une vue d’ensemble du projet. Problème : en plus d’être chronophage, cela exige de gérer la frustration et l’envie d’écrire. Scénariser un roman de 500 pages, cela me demande deux à trois mois, sans que je m’autorise à « écrire » au sens littéraire du terme. C’est difficile, mais à chaque fois que j’ai cédé à l’impatience, je l’ai regretté : j’ai perdu beaucoup de temps, et jeté des kilomètres de manuscrits à la poubelle.

Leslie : C’est intéressant ! Finalement on cherche tous les deux à éliminer nos « déchets littéraire ». Mais toi tu le fais en amont, et moi je le fais en aval !

Stéphane : Exactement ! Je dis souvent que jardiniers et architectes font le même boulot, mais pas dans le même ordre. En conclusion, comparons donc nos façons de faire :

Peux-tu nous lister tes étapes de travail ?

Leslie : En résumé : j’écris, je supprime en alternance et je fais des va-et-vient entre mon texte en évolution et une ébauche de plan qui se modifie au fur et à mesure de l’avancée du projet. Maintenant, si tu veux les détails…

1) J’ai une idée vague sur laquelle je commence à écrire et supprimer des pages. (Oui, c’est mon truc, ça : la poubelle est ravie… Heureusement que je travaille sur ordinateur, c’est plus écolo !)

2) Quand j’arrive à cinquante pages environ, je prends du recul et je rédige un synopsis temporaire. Parfois je supprime mes cinquante pages, parfois je les laisse. Ensuite, j’écris en suivant à peu près le synopsis et au fur et à mesure je le modifie pour coller davantage à mon texte. À ce stade, je peux dire si le projet verra le jour ou non. Nombreux sont ceux que j’ai avortés.

3) Lorsque j’ai achevé mon premier jet (disons entre 60 et 100 pages), je fais une pause de quelques semaines pendant laquelle je me documente ou je travaille sur d’autres projets parallèles.

4) Ensuite commence la première phase de réécriture. Le texte va subir de nombreuses modifications, en profondeur. Parfois, ce seront des chapitres entiers qui seront réécrits ou supprimés…

5) Lorsque j’arrive à une première version satisfaisante, j’envoie en bêta-lecture. Ensuite, c’est une phase de correction/relecture qui commence et je fais encore de très nombreuses modifications selon les retours que j’ai.

Stéphane : De mon côté c’est quasi-militaire comme approche.

1) Travaux préparatoires. Je pose par écrit mes motivations pour le projet, le thème que je veux aborder, mes idées de personnages. J’imagine un ou deux débuts possibles, cerne quelle devra être ma fin si je veux que mon histoire ait un sens. Je liste d’éventuels sujets sur lesquels me renseigner. À cette étape-là, ça a besoin de mûrir, et ça peut durer longtemps.

2) Scénarisation. Je bosse beaucoup les premiers chapitres (exposition) et les derniers (climax). À cette étape, je chamboule souvent tout d’un jour sur l’autre. C’est « ma » vraie phase créative.

3) Personnages. Je créé des fiches de personnages pour les protagonistes principaux. Je peaufine en parallèle le scénario jusqu’à arriver à un séquencier propre : une liste des scènes, résumées en quelques mots ou lignes.

4) Écriture. Je rédige l’histoire.

5) Réécriture. J’étudie mon premier jet en termes de structure/rythme, puis je fais une grosse passe sur la forme (orthographe/fluidité).

6) Bêta-lecture. J’envoie le texte à mes relecteurs. Je m’impose de mettre le texte de côté en attendant tous les retours.

7) Analyse des retours et réécriture. Retouches et modifications sur le fond d’abord (structure, révélations, cohérences, etc.) puis sur la forme. Après une ultime relecture de ma correctrice, c’est prêt pour publication.

Et si nous résumions dans un tableau ?

Leslie Stéphane
Premier jet – partie 1 Réflexion, étude du thème
Synopsis et réorganisation Scénarisation / personnages
Premier jet – partie 2 Premier jet
Réécriture Réécriture
Bêta-lecture Bêta-lecture
Réécriture et corrections Réécriture et corrections

Leslie : Curieusement, nous fonctionnons pareil dans notre gestion des réécritures !

Stéphane : Après tout, cela me semble normal : c’est la phase créative qui varie. Toi tu as besoin d’écrire pour bâtir ton récit, moi j’ai besoin de bâtir mon récit pour écrire.

Bon, au final, que faut-il faire ? Planifier son roman ou pas ?

Leslie : Ça, ça dépend ! La seule chose à faire, à mon avis, c’est écrire. On sait immédiatement si on va planifier ou non. Tu as dû t’en rendre compte au lycée… Est-ce que tu faisais des plans avant de rédiger tes commentaires composés ?  Je suis sûre que oui. Moi, non… enfin, si, mais je ne les suivais pas !

Stéphane : À chaque auteur de se poser la question, et de trouver sa réponse. On ne peut pas donner son plein potentiel sans procéder comme on le doit. Architecte et Jardinier ne sont pas vraiment des « méthodes », ce sont des natures. Il n’y a ni mérite particulier ni honte à bosser d’une manière ou d’une autre, tant que le bouquin est bon. Si un débutant ne sait pas comment procéder, mon conseil, c’est de lire des articles, témoignages ou livres sur l’écriture et de voir lesquels lui « parlent ». C’est en lisant des méthodistes comme Truby que j’ai compris quel auteur j’étais : ses arguments me semblaient évidents et limpides. Je me suis dit : « oui, c’est ça, il faut que je bosse de cette façon ». À chacun de trouver sa « voie du stylo ».

M’enfin, ce ne sont que nos avis !


« Alors, tu es plus Leslie ou plus Stéphane ?
— Moi ? Je m’en fous, je n’écris pas. »

(30 commentaires)

  1. C’est marrant, moi, je suis quelque part entre les deux… Mi-Leslie, mi-Stéphane. Enfin, cela dépend surtout du type de projet. J’ai besoin d’avoir un synopsis parce que j’écris lentement, bien que régulièrement, et que parfois je perds « l’intention » de vue. Alors, le synopsis est là pour me rappeler à l’ordre. Mais dans ce même synopsis, je détaille beaucoup de scènes, d’événements et de péripéties que je changerais probablement ou auxquels je ne donnerais finalement pas corps. Tout simplement, parce que je n’arriverais pas à les insérer tout en restant dans le ton, le rythme, l’intensité de l’histoire.
    Merci pour votre partage.

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    1. Dans une première version de l’article (nous avons beaucoup coupé en réécriture ;)), je témoignais que la plupart des auteurs avec qui je discute de ce sujet se disent « bi-classés » : ils planifient « un peu », puis se laissent porter. C’est aussi pour cela que je trouvais cet article intéressant : je suis un architecte très poussé, et Leslie une vraie jardinière. Nous sommes un peu aux extrêmes, mais il semblerait que la majorité des auteurs se situent quelque part au milieu.

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    1. Ton retour m’intéresse, alors, et n’hésite pas à venir nous en reparler ici. Je fais parfois un peu de conseil et de bêta-lecture poussée pour des comparses auteurs, mais d’expérience, je me rends compte que ce qui me semble limpide et évident chez Truby paraît complètement abscons à d’autres. J’ai essayé maintes fois d’expliquer certains concepts, souvent sans succès. C’est ce qui m’a amené à considérer architecte et jardinier comme des « natures » et non des méthodes. Un peu comme si un gaucher tentait d’apprendre à un droitier comment tenir son stylo de l’autre main.

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      1. J’ai lu jusqu’au tiers de « anatomy of story », et même si c’était super intéressant et que j’avais envie de continuer, je me suis dit que j’allais avoir du mal à l’exploiter. J’ai reposé le livre et deux semaines après j’ai repris les premiers chapitres uniquement, en relisant, et ça m’a paru plus clair. Là j’essaie de « trouver » les 7 étapes principales dans des œuvres connues ou qui m’ont plu, avant de passer à la suite. J’écrirai un article dessus quand j’aurai plus avancé 🙂 en tout cas savoir que tout le monde ne fonctionne pas comme ça est rassurant 🙂

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  2. Ce que j’aime dans la façon de voir les choses de Truby, c’est que ses « étapes » sont en fait des étapes « de travail » et non des étapes « de récit » comme les 12 étapes du voyage du héros de Vogler (qui donne parfois l’impression de jouer aux Lego). Bosser ainsi centre le récit sur le thème et sur les personnages, mais SURTOUT impose à l’auteur de se concentrer sur le fond (« qu’est-ce que je veux dire ? »). Alors que les méthodologies par étapes encouragent d’ordinaire à réfléchir à l’action (« d’abord il se passe ci, ensuite il se passe ça »). Au final, côté structure, ça revient un peu au même (Truby n’est pas révolutionnaire sur ce point), mais ça donne des récits plus solides (de mon point de vue).

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    1. Je vois 🙂 on m’a parlé du ‘voyage du héros’ dans le cadre du théâtre d’improvisation, que je pratique, mais je ne suis pas encore allé voir le livre derrière. En fait un des seuls livres que j’ai lus qui parlent de ça c’est ‘on writing’ de Stephen King, où il explique reprendre le premier jet après l’avoir laissé reposer plusieurs mois, et chercher le coeur, le sens, a posteriori.

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      1. Stephen King bosse comme un jardinier : il écrit d’un bloc ce qu’il a en tête, sur la base d’une idée de départ. Puis il laisse reposer, et cherche ensuite à dégager son thème, le coeur de son récit. Une fois qu’il l’a, il procède à la réécriture en se focalisant dessus : il coupe ce qui ne concerne pas le thème, renforce et consolide le reste. Cela colle au témoignage de Leslie. Truby propose, lui, de choisir un thème dès le départ, en toute conscience, et de construire des fondations dessus avant d’écrire. Deux approches.

        « Le voyage du Héros » (Campbell, Vogler) est le résultat d’une étude des anciens mythes et légendes, une sorte de canevas de construction. Je m’en sers encore parfois, même si c’est finalement assez limité. Ce n’est pas très long à lire, et toujours bon à connaître. 🙂

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  3. Très intéressant cet article ! Moi je suis archinière (ou jarditecte, c’est selon 😀 ) : je planifie d’abord mais sans aller jusqu’au plan très détaillé (parce que je sais que mes premières pages d’écriture vont tout mettre en l’air). Et je ne m’interdis pas de revisiter mon plan en milieu de rédaction. J’ai autrefois bossé comme une pure jardinière… et le fait est que ce sont des romans que je n’ai jamais terminé. En les reprenant en mode architecte, j’ai réussi à en tirer quelque chose. Maintenant je commence par planifier (au moins savoir où je vais)…

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    1. Oui Lynda. Comme Olivier ou toi, la plupart des auteurs avec qui je discute de ce point semble adopter la même attitude : un peu de planification au début juste pour former un cadre et ne pas se perdre, puis écriture à l’instinct. Même Leslie commence à s’y mettre, c’est vous dire ! 😉 Quant à moi, je crains d’être un architecte indécrottable…

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  4. Super intéressant. Cet échange va au coeur des interrogations, des hésitations, des inquiétudes de tous ceux qui aiment écrire. L’architecte restera sans doute architecte et le jardinier jardinier, mais nous tous de l’entre-deux naviguerons entre les deux avec plus de confiance. Merci.

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  5. Cet échange est passionnant et très instructif, merci d’avoir confronté vos différences d’une manière aussi fertile.

    C’est amusant parce que vos témoignages m’ont tous les deux fait hurler, tout seul dans mon coin: pour moi, il est impossible d’envisager de se lancer dans un récit sans avoir planifié sa structure. Je ne peux pas songer à ce que ça donnerait si je tentais le coup, mais je pense que ça ne mènerait pas bien loin, en ce qui me concerne.

    Cela dit, l’idée de tout planifier me hérisse le poil également. Quand je ne me laisse pas de marge de manœuvre, je m’ennuie et je cesse d’écrire. Dans des projets de si longue haleine, il faut se ménager un peu de place pour s’amuser, selon moi.

    Du coup, je suis un bricoleur: je planifie, mais pas tout, et quand il le faut, je réécris, le rafistole.

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    1. Comme quasiment tous les auteurs avec qui je discute de ce sujet, tu fais partie des bi-classés 😉 C’est justement parce que Leslie et moi sommes de bons exemples « d’extrêmes » que l’article me semblait amusant. Ceci-dit, je le répète autant que possible : faire un plan, aussi détaillé soit-il, n’est pas bâtir une prison. Je ne me suis jamais senti « enfermé » ou contraint par mes synopsis, et dans mes romans je bifurque ici et là. Je trouve juste que m’imprimer un itinéraire super détaillé avant de prendre la route me fait gagner beaucoup de temps (y compris voire surtout si je décide de prendre soudain un chemin de traverse). M’enfin : « autant de façon d’écrire que d’auteurs », c’est bien connu ! 🙂

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      1. Sans doute par orgueil, j’ai l’impression que le bricolage représente une troisième voie, plutôt qu’une synthèse des deux: les architectes créent leur roman pendant la phase de la planification, les jardiniers pendant la phase d’écriture, les bricoleurs pendant la relecture.

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        1. Hé ! C’est que ça sonne bien à mon oreille, cette phrase. Et de toute façon, clairement, ce n’est pas une « voie de garage » : c’est même LA voie principale et majoritaire aujourd’hui, d’après les nombreux retours que j’ai pu collecter sur ce thème ces dernières années. L’architecte (trop ?) poussé que je suis fait souvent figure de vilain petit canard 😉

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  6. C’est intéressant de voir la comparaison de ces deux approches (et des deux méthodes) ! Je pense qu’il y a quelque chose du spectre là-dedans, plus que d’un bi-classement, entre ces deux positions extrèmes que sont tout jardinier ou tout architecte.
    Je crois que c’était Lionel Davoust qui parlait d’écrivains randonneurs, je ne sais pas trop quelle définition il en donnait exactement, mais je l’ai compris comme un auteur qui va définir une direction, une destination pour les plus précis, et qui va marcher vers ce point sans bien savoir à l’avance quel chemin il va emprunter pour l’atteindre et qui devra faire avec ce qu’il trouvera sur leur route. Cette question de cheminement me parle beaucoup dans ma conception de l’écriture romanesque.

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    1. Oui, j’utilise moi-même très régulièrement cette analogie du trajet, car je la trouve très parlante et juste. Elle me permet aussi d’expliquer simplement en quoi préparer son itinéraire n’est pas « bloquant » (certains semblent terrifiés à l’idée de faire un plan, comme si ça les enfermait) : ce n’est pas parce qu’on se trace un chemin sur une carte que pendant la marche on ne peut pas choisir de bifurquer, s’attarder, faire un détour, etc.

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      1. Il y a très certainement des gens que cela enferme. En recherche on voit bien que le rapport au plan peut être pour certains douloureux et stérile tant qu’ils ne sont pas dans la rédaction même. En écriture c’est pareil. Personnellement je ne planifie pas mais je structure. Ce n’est pas tout à fait la même chose dans mon esprit car je ne me dis pas il va se passer ceci ou cela, je me dis quoi qu’il se passe ça se déroulera sous cette question là.

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        1. J’aime cette dernière phrase de ton commentaire, parce qu’en effet c’est bien « ça » qui est important (j’aime dire que se poser les bonnes questions est souvent plus instructif que d’en trouver les réponses). En ce qui me concerne, j’ai tendance à vouloir apporter une réponse à ces « questions » avant la rédaction (surtout, j’aime prendre le temps d’y réfléchir longuement avant l’écriture proprement dites), mais ça ne signifie pas que je ne peux pas changer d’avis en cours de route. 🙂

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  7. J’écris sur ce sujet actuellement, et j’en ai profité pour vérifier une info qui, de mémoire, contredisait ce que tu affirmes ici : George R. R. Martin se définit au contraire comme un jardinier (même s’il admet avoir dû jouer le rôle d’un architecte sur des projets passés)… C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles on attend toujours la fin de sa saga! 😛

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  8. Je pose le commentaire là, mais si pas de rapport avec l’article.
    Je viens de dévorer ton blog en une journée, tes articles sont très…rafraîchissant. Tu parles à plusieurs reprises, et avec des gros guillemets, du coté « mathématiques » de l’écriture, souvent en t’excusant auprès de ceux qui n’aiment pas ça du tout.
    Mais c’est ce coté très concret que j’aime dans ce que tu écris ici ; j’ai lu je ne sais combien de blog jusqu’ici, mais tu es l’un des seuls qui m’aient vraiment donné des matériaux. La plupart de ceux que j’ai croisé on été très vagues, très « artistiques », et au final brassaient beaucoup de vent.
    Toi au contraire, non seulement tu prend à contre pieds la plupart des idées reçus (avec pas forcément beaucoup de pincette, mais au moins c’est clair ^^) mais en plus tu le fais de manière concrète en donnant de réels outils.
    Je pense par exemple au « syndrome de la page blanche » qui, ironie du sort, a fait couler beaucoup d’encre sur les blog, tous parlant de « muse », de se « ressourcer », ou des astuces personnelles utilisée dans de tels cas (« moi j’arrête d’écrire pendant une semaine », « moi je vais me balader dans les bois »)… Que tu expédies en quelques lignes « page blanche => texte mauvais ».
    Côté très « mathématique » sûrement, mais beaucoup plus efficace que de vagues blabla sur le « bien être de l’auteur »!

    Enfin bref, bonne continuation, tu as gagné un nouveau lecteur assidue à ton blog 😉

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    1. Merci ! Il faut croire qu’en fiction comme en non-fiction, on écrit ce qu’on aime lire (ou ce qu’on aimerait lire). J’ai créé ce blog parce que j’avais du mal à trouver des articles qui me convenaient et dans lesquels je me reconnaissais. Heureux de voir que d’autres s’y retrouvent. À bientôt !

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  9. Bonjour!
    Je ne suis pas quelqu’un qui peut écrire avec un plan. J’ai essayé et le plan est encore dans mon fond de tiroir comme s’il serait terminé. Pourtant je sais que ce n’est pas le cas. Et sur ce site avec les questions à se poser sur ses personnages, je pense que ça va plus m’aider que ledit plan. Je vais voir ce que ça donne quand je vais travailler dessus l’an prochain.

    Ceci dit, j’ai beau ne pas faire de plan et de dire que je fais des histoires, que j’en ai nombreux. Avec les années et les recherches, ce n’est pas vraiment des histoires que j’ai, mais plus des résumés/ synopsis, entremêlés de quelques scènes ( narration distante, manque d’infos et de détails, descriptions…). C’est, je suppose, en quelque sorte un plan.

    C’est le seul truc que je dirais que je fais tête baissée dans la vie. J’ai une idée, je l’écris pour ne pas l’oublier. Je prends plaisir à l’écrire. Je ne raffole pas à faire un plan qui ne m’a au final pas beaucoup aidé pour écrire mon texte, par contre ça m’a aidé à comprendre certaines choses (que je faisais inconsciemment et d’autre non), par exemple, je me souviens d’avoir lu que si mon personnage était dans l’émotion c’était préférable de le mettre contre un personnage plus logique pour plus de conflits et de comment faire un pitch (même si j’ai encore quelques difficultés pour l’écrire). Parce que se faire demander « pis ça parle de quoi ton histoire? » et de pas avoir la réponse c’est embarrassant. C’est facile de raconter toute l’histoire, mais en faisant ça, il/elle ne l’achètera pas.

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