Prise de parole

« Bonjour, je m’appelle Stéphane, et je suis écrivain.
— Bonjour Stéphane ! »


De nombreux sites ou blogs liés à l’écriture conseillent aux auteurs de soigner leur communication, et de ne pas se contenter d’exposer leurs œuvres : il faut, paraît-il, parler de soi. Plusieurs gribouilleurs de mon entourage grimacent quand il est question d’évoquer cette autopromotion et ce marketing autocentré.

Et je me suis dit : « pourquoi serait-ce difficile d’écrire sur soi-même, quand notre activité est — justement — d’écrire, tout court ? ». J’y ai réfléchi longuement ce matin, derrière mon volant (habitue-toi : je fais beaucoup de route, la voiture connaît le trajet, et mon esprit y est donc libre de faire ce qu’il veut).

Prenons quelqu’un de bavard, et plantons le soudain devant un micro, face à un immense auditoire, en lui glissant : « vas-y, exprime-toi ! ». Immanquablement, il va y avoir un flottement. Un blanc. Peut-être est-ce simplement cela : la gêne de s’exprimer en public, en direct, et non pas caché derrière une jolie couverture et des personnages de fiction. Une sorte de timidité. Le stéréotype de l’écrivain solitaire qui œuvre seul dans son bureau, en ermite asocial.

Ou bien… ou bien est-ce une question de personnage, justement. Ne dit-on pas qu’un auteur doit « aimer » ses personnages afin de les faire vivre ? Les auteurs qui rechignent à parler d’eux auraient-ils du mal à aimer le protagoniste principal de leur propre vie ? Pourrait-il s’agir d’un problème d’amour-propre ?

Je ne peux pas répondre pour les autres, mais du coup je me suis demandé pourquoi moi je n’avais pas ouvert ce type de page web plus tôt. Je ne suis pas vraiment timide, j’ai l’habitude de m’adresser à un public, et j’ai l’incroyable chance d’être très bien entouré. De plus, il faut bien l’avouer, je m’aime (*s’embrasse fugitivement le poignet*). Enfin, côté blogs, j’ai un peu de kilomètres au compteur : même l’argument technique de la maîtrise de l’outil n’est pas valable.

Alors : pourquoi ?

Sans doute la peur de passer pour quelqu’un d’égocentrique. Un m’as-tu-vu. « Achetez mes livres : non seulement ils sont super, mais en plus ils sont écrits par un type formidable » (*rictus commercial qui brille*). Je ne nie pas être narcissique (1) : je nie être masochiste. On n’apprécie pas trop les grandes gueules, par chez nous, et le sourire Colgate donne souvent l’envie de péter quelques dents (j’en ai chié pour avoir les miennes : j’y tiens).

Mais au final, on ne se refait pas : j’aime écrire, j’aime parler d’écriture, j’aime échanger sur l’écriture.

Après réflexion, plutôt que de la fermer, je préfère donc l’ouvrir.

Ce blog.


(1) achetez mes livres : non seulement ils sont super, mais en plus ils sont écrits par un type formidable.

(4 commentaires)

    1. La même crainte qu’en se présentant devant un public en général : l’impression qu’on doit forcément porter un costume, cirer ses chaussures, ou mettre une cravate. Je suppose que cela dépend du public, et que c’est donc un peu plus vrai pour quelqu’un qui publie de la poésie que pour un auteur de fantasy. Ou pas. Ou tant mieux, car je déteste les cravates. 🙂
      (Merci d’être passée !)

      Aimé par 1 personne

  1. Te connaissant bien (ou du moins, osé-je le croire…), je sais que tu n’es pas l’égocentrique que certains pourraient te reprocher d’être.
    Alors ouvrir un blog pour parler de tes écrits, je trouve que c’est une très bonne idée pour communiquer sur ta passion 🙂
    Au plaisir de te lire…

    Aimé par 1 personne

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :