À la recherche de bons livres

« Lire de bons livres nous empêche d’apprécier les mauvais »
Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates (Mary Ann Shaffer & Annie Barrows).


J’ai vu passer cette citation sur twitter sans savoir d’où elle était tirée, et trois jours plus tard je la découvrais en lisant « Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates » (Mary Ann Shaffer & Annie Barrows). Ma première réaction a été de sourire et de penser : « tellement vrai ! ». Puis j’en suis revenu à la problématique habituelle concernant le jugement des livres, à savoir que la qualité d’un livre est carrément subjective.

J’ai toujours beaucoup lu, mais j’ai le souvenir d’avoir longtemps été bon public. Très bon public. Adolescent, j’enchaînais les livres, et les jugeais tous bons. Bien entendu, certains m’enthousiasmaient plus que d’autres, mais mes avis balançaient essentiellement entre « j’aime ! » et « j’adore ! ». En cela je me reconnais parfaitement dans cet extrait d’interview de Patrick Rothfuss (auteur de fantasy américain) : « CS Lewis, JRR Tolkien et Anne Mc Caffrey tiennent une place particulière dans mon cœur. Mais honnêtement, je lisais à peu près tout ce qui me passait entre les mains en science fiction et Fantasy. Je ne faisais pas de discrimination. Je lisais presque un roman par jour entre 10 et 18 ans, et les ai tous aimés. Ce n’est qu’après avoir fréquenté le lycée quelques années que j’ai commencé à être insatisfait. Lorsque vous avez 14 ans, tout ce qui est avec une épée et un dragon est plutôt cool. Mais lorsque vous avez 21 ans, que vous avez lu 2000 romans de Fantasy, vous commencez à réaliser que certains de ces livres, eh bien, ils n’étaient pas si bons. Ok, soyons honnêtes : la plupart étaient pourris ».

Aujourd’hui, je me définis comme un lecteur difficile. Très difficile. C’en serait presque à se demander pourquoi je continue de dévorer autant d’ouvrages, plus prompt que je suis à critiquer qu’à complimenter. Bien sûr, j’ai conscience que – pour un auteur – parler d’un livre en mal fait sacrément prétentieux : cela sous-entend toujours qu’on se pense capable de faire mieux. Je ne râle donc qu’en privé, voire dans ma barbe… mais cela ne change rien à l’affaire : je suis devenu snob, comme ces amateurs du septième art qui fustigent toutes les sorties cinéma de la semaine, ou ces musiciens qui se moquent des chansons qui inondent nos ondes radios.

Le problème est que désormais, je suis « de la partie ». On n’apprécie pas de la même façon une rediffusion sportive quelconque à la télé selon qu’on pratique soi-même ce sport ou pas ; de même qu’un comédien visionne un film avec un regard très personnel, ou qu’un musicien écoute un titre avec une toute autre oreille. Peu importe son niveau personnel dans l’activité en question : quand on est de l’autre côté du miroir, on réalise que certaines choses très simples impressionnent le public ; que d’autres choses bien plus compliquées passent inaperçues. On applaudit certains confrères pour des raisons que les autres ne comprennent pas ; on grimace devant certaines œuvres pourtant très populaires. Qu’on le veuille ou non, notre point de vue est biaisé. Pas forcément meilleur ou plus pertinent, j’insiste : simplement, on ne juge pas sur les mêmes critères, et on obtient donc parfois des résultats différents. Ceci explique en partie certains grands écarts entre des succès populaires et des succès critiques.

Je passe encore des moments merveilleux avec les livres… mais moins souvent qu’avant. Je dois en lire plusieurs et encaisser quelques déceptions avant de ressentir de nouveau cet enthousiasme d’ado, ce besoin de tourner la page suivante sans réussir à m’arrêter. Quand j’en trouve un qui me fait cet effet-là, j’en suis d’autant plus exalté. Heureusement, nous vivons désormais dans un monde où il n’y a rien de plus facile que de se renseigner sur un ouvrage avant acquisition : prix obtenus, évaluations des lecteurs sur les librairies en ligne, réputations sur les réseaux sociaux, avis de sites spécialisés comme de blogueurs amateurs, etc. Conscient qu’il est facile d’être trompé, je multiplie les points de vue en quelques clics, et recherche fébrilement le titre qui saura me faire frémir de plaisir.

C’est un point intéressant de la révolution numérique, selon moi : avec ces échanges sur les réseaux sociaux, les blogs ou les chaînes booktube, on peut finir par tomber sur des lecteurs qui ont des goûts similaires aux nôtres, qui s’enthousiasment sur des livres qu’on a adoré, qui font la moue sur des ouvrages qui nous ont agacé. Là, c’est la mine d’or : trouver son jumeau astral littéraire serait l’un de mes rêves, afin qu’il puisse me conseiller avec un goût infaillible. Pas forcément que des « bons » livres… mais forcément des livres qui me plaisent. Sans déception. Jamais.

Hélas, si côté amour j’ai trouvé mon âme sœur, côté littéraire j’attend toujours.


« Que regardes-tu en premier chez une fille ?
– Sa bibliothèque. »

(2 commentaires)

  1. Hello ! As-tu certains blogs littéraires à recommander? Je suis assez difficile, mais je ne prends pas le temps de lire les critiques. Du coup je suis souvent déçue. Merciiiii !

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    1. Bonjour ! Non, désolé : personnellement, je ne suis pas vraiment client des blogs littéraires (comme je le dis dans mon article, je n’ai pas encore trouvé l’âme sœur littéraire ;)). Je privilégie d’autres indicateurs (réputation de l’auteur, prix remportés, commentaires sur les sites d’achats, conseils d’amis lecteurs dont je connais les goûts).

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