« On n’a pas beaucoup évolué depuis les premiers articles.
— C’est peut-être ça le problème… »
Je suis en train d’engloutir une excellente série de fantasy, et comme j’ai du mal à ne pas analyser ce que je lis, je décortique ce qui fait que c’est un bon livre. L’un des points forts de cet ouvrage était justement l’un des points faibles des deux dernières bêta-lectures que j’ai faites pour des comparses auteurs : l’évolution des personnages.
Les personnages sont les éléments les plus importants de ton livre. Nous avons abordé sur ce blog des notions d’obstacles, d’objectifs, d’enjeux, mais ces points n’ont d’intérêt que pour l’impact qu’ils ont sur les personnages. Ce qui fascine le lecteur, ce n’est pas tant ce qu’affrontent les protagonistes de ton histoire, que le résultat de cette confrontation.
La notion d’arc narratif ou trajectoriel
Un personnage intéressant possède la caractéristique suivante : il part d’une situation initiale, et va être amené à changer/évoluer en cours de récit, pour devenir quelqu’un de différent.
On parle là bien sûr d’évolution psychologique et morale, pas d’évolution physique : que Luke Skywalker perde une main dans son combat contre Darth Vader n’est qu’un symbole, ce n’est pas une évolution. Que ton personnage devienne aveugle ou acquiert un nouveau pouvoir magique n’est pas une évolution non plus. Ce qui est intéressant, c’est en quoi cela va influencer son caractère, sa psyché, son attitude, ses valeurs, en quoi cela l’amène à devenir quelqu’un d’autre. De meilleur. Ou de pire.
On reboucle, évidemment, sur d’autres articles présentés ici, comme par exemple :
L’évolution n’est pas réservée qu’au personnage principal
Ce que j’apprécie dans le livre que je savoure en ce moment, c’est que l’auteur a appliqué ce principe à TOUS les personnages importants (et il y en a un paquet). Tous ont leur propre caractère de départ, impacté par les événements graves du récit, et tous évoluent d’une façon ou d’une autre. À la fin, aucun ne sera le même qu’au début. C’est à cela que servent les histoires.
Personnellement, je place la notion d’arc au centre de chacune de mes fiches de personnage : d’où part le personnage, quels sont les événements qui vont l’impacter personnellement, en quoi il va évoluer.
Poses-toi la question pour chacun des personnages majeurs de ton récit (et à fortiori pour ton protagoniste principal) : est-il le même à la fin qu’au début ? Si oui, demandes-toi donc si c’est une bonne chose. Tu as peut-être manqué un truc :
- soit tes obstacles et ton récit ne sont pas assez forts pour l’obliger à changer ;
- soit il n’est pas assez spécifique à ton histoire, trop stéréotypé et générique, pour que l’histoire ait une prise sur lui.
M’enfin, ce n’est que mon avis.
« Je n’ai pas changé, Je suis toujours ce jeune homme étranger…!
— Arrête de chanter. Tout de suite. »
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Bonjour,
Merci pour cet article plaisant qui, je l’espère, en fera réfléchir plus d’un. (De mon côté, ça va : Truby insiste assez sur ce point-ci, c’est ancré dans ma tête ^^)
Pourrait-on connaitre le nom de cette série de Fantasy ?
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Oui, évidemment, celles et ceux qui ont lu Truby ont forcément l’impression d’un article qui enfonce les portes ouvertes 😉
En ce moment je lis la série « Fils-des-brumes » de Brandon Sanderson.
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Mh, je crois que tu touches le point problématique dans ma nouvelle fiction. Je vais aller jeter un oeil sur mes fiches perso, tiens. ^^
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Excellent article plein d’observations utiles.
Il fait naître en moi ces deux questions qui sont peut-être ridicules: quelle est la différence entre un personnage principal et un personnage secondaire? Dans un récent billet, j’ai pris le parti de décréter que c’est l’auteur qui choisissait de mettre les personnages dans l’une ou l’autre catégorie, et que les différences étaient avant tout pratiques, mais j’ai l’impression qu’il y a une vérité sous-jacente qui se cache là-dessous…
Et puis sinon, un personnage, c’est quoi? Je me demande si on peut trouver une définition (mais c’est peut-être inutile).
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Entre les personnages majeurs et les mineurs, la frontière est parfois floue, mais la distinction que je fais est la suivante :
– un personnage est « majeur » si ses choix influent sur la vie des autres et sur l’histoire, et/ou s’il est actif (= quand il est présent dans une scène, il y joue un rôle moteur).
– un personnage est « mineur » s’il n’a qu’un rôle ponctuel, qu’il n’est là que pour meubler le décors et l’univers (et ce, même s’il est présent de façon récurrente).
La conséquence pratique en ce qui me concerne, c’est que les personnages « majeurs » ont besoin d’être travaillés (par exemple via une fiche de personnage). Je m’attache à leurs motivations, désirs/besoins, lien au thème : s’ils sont majeurs, c’est qu’ils influent sur l’histoire et sont moteurs, et alors il est indispensable qu’ils soient approfondis, qu’ils fassent « sens ». Les autres, je peux les improviser, ils n’ont pas de réel impact sur le récit. Mais ce n’est pas manichéen, blanc ou noir : il y a des degrés, les personnages sont « plus ou moins » majeurs/mineurs. Certains ne sont même pas mineurs, à peine des figurants.
Quant à ta question… je ne sais pas. Je fais souvent hurler les gens quand je dis qu’ils sont des outils pour raconter des histoires, et qu’il faut les choisir/concevoir en fonction de ce qu’on espère fabriquer avec 😉
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Ah, merci pour ces détails supplémentaires. Je partage tout à fait tes considérations sur les personnages principaux et secondaires (et oui, peut-être que les figurants constituent en fait une troisième catégorie)
Et moi en tout cas, je ne hurle pas: décrire les personnages comme des « outils » narratifs, ça me parait très juste. De mon point de vue, ce sont des machines à générer les histoires – mais oui, ça peut sembler un peu clinique, comme constat. 😀
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Ta définition a ceci de bien qu’elle exprime clairement une vérité simple : les histoires découlent des personnages (et pas l’inverse).
Une idée forte qu’il est important, selon moi, de garder à l’esprit ! 🙂
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