Règle Pixar [5] – En quête de simplicité

Simplify. Focus. Combine characters. Hop over detours. You’ll feel like you’re losing valuable stuff but it sets you free.

Simplifie. Recentre le propos. Regroupe des personnages. Évite les détours. Tu auras l’impression de perdre des éléments importants, mais au contraire cela te libérera.


[Que sont les règles d’or Pixar ? C’est expliqué ICI]

Cette règle Pixar rassemble des conseils orientés dans la même direction : elle incite les auteurs à ne pas être fouillis, à rechercher simplicité et clarté, et à élaguer tout ce qui n’est pas indispensable à leur histoire.

Les auteurs de romans sont particulièrement sujets à ce type de défaut, parce qu’ils pensent avoir le temps et toute la place qu’ils veulent (on peut en caser des choses, en quelques centaines de pages). Beaucoup d’auteurs travaillent en improvisation, et leur cheminement est loin de la ligne droite entre leur point de départ et leur conclusion. Pourtant, ce n’est pas parce qu’on écrit un pavé qu’on peut se permettre de digresser.

Simplifie

Une histoire n’a pas besoin d’être compliquée pour être profonde. Une histoire simple est plus claire, sonne plus vraie, est plus immersive qu’un récit tarabiscoté. En faisant simple, tu limites les risques d’incohérences et d’invraisemblances. Une histoire touche quand elle recèle une vérité, pas quand elle est compliquée. Mais surtout, une histoire touche quand elle est comprise : à méditer !

« La simplicité est la sophistication suprême. »
Léonard de Vinci

Recentre ton débat

Tu peux avoir plusieurs lignes d’intrigues dans ton histoire, mais évite d’avoir plusieurs histoires : pour que ton récit ait du poids, centre bien toutes tes intrigues sur un seul et même thème, concentre-toi sur le traitement d’un seul sujet fort, et ne t’en détourne pas. Les lignes d’intrigue sont censées se soutenir les unes les autres, s’influencer ou se répondre, aborder des facettes différentes d’un même problème. Tout ce qui dépasse appartient à un autre récit : coupe-le, tu l’utiliseras une autre fois.

Une histoire est comme une bonne sauce : elle ne doit pas être trop liquide, fais réduire pour concentrer les saveurs !

Limite le nombre de personnages

Le lecteur est rarement amateur de galeries de personnages à rallonge. Plus tu les multiplies, plus tu les dilues, et moins ils ont de force individuellement. Chacun doit avoir sa raison d’être : supprime les doublons, regroupe dans un seul personnage ceux qui ont le même rôle, qui servent à la même chose.

« Pourquoi est-ce que je créé ce personnage ? » doit être une question récurrente à ton esprit, un mantra. Ceux qui ne servent à rien ou qui font doublon devraient alors disparaître.

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Évite les détours

Les lecteurs n’aiment pas les longueurs. Aussi, ne lambine pas en chemin. Tu es comme un organisateur de voyage : tes clients n’ont pas envie que tu leur fasses faire en deux jours un trajet qu’ils auraient pu faire en un seul. Chaque étape de ton histoire doit avoir un but clair et déterminé, un objectif dramatique à remplir, puis mener à l’étape suivante.

L’impression d’y perdre

J’ai déjà tenu ce genre de discours. En bêta-lecture, il m’arrive régulièrement de pointer certaines scènes du doigt : « je ne comprends pas à quoi sert ce passage, il n’apporte rien, tu peux le supprimer sans que ça ne change rien à ton histoire ». Et l’auteur de s’y accrocher pourtant, penaud, pour x ou y raison, souvent affective, rarement justifiée.

Pourtant, crois-le ou non, c’est l’acte de couper qui est difficile, parce qu’on a peur de perdre quelque chose… mais une fois que c’est fait, on réalise avec soulagement quel bien cela procure au texte. C’est comme aller chez le coiffeur : on a peur du résultat, mais on se sent généralement bien plus léger ensuite !

« Vous devez tuer vos petites chéries »
(William Faulkner, Prix Nobel de littérature)

M’enfin, ce n’est que mon avis.


« Je me demande ce que ça donnerait s’il nous regroupait, nous.
— …
— Hey, je te parle !
— …
— Ah ah. Très drôle. »

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(12 commentaires)

    1. Oui, très. Mais apprécié, aussi, puisque j’argumente et explique beaucoup mon point de vue (qui n’est que cela : un point de vue, à l’auteur de voir si mes remarques l’ont convaincu ou pas). En général ceux qui savent encaisser les coups reviennent régulièrement vers moi (les autres me disent « merci » et après je ne les revois plus jamais *rire*).

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      1. Oui, apprécié. J’ai entendu parler de ton travail par deux auteurs déjà. Combien de bêta-lectures fais-tu chaque année ? N’est-ce pas trop difficile de concilier les BL et ton travail d’auteur ?

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        1. Difficile de donner un chiffre (et le travail dépend de la taille du texte). Pas tant que ça (peut-être une demi-douzaine en 2017 ?). Je joue les bêta-lecteurs de façon bénévole : cela me laisse complètement libre de n’accepter que les projets qui m’intéressent, les auteurs sympas, et de décliner les demandes dans les moments où mes propres écrits m’accaparent.

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  1. Bien sûr, cette approche, que j’appellerais « la technique de la taille du bonsaï » n’aurait jamais permis que l’on écrive des livres comme Tristram Shandy, Jacques le Fataliste, Don Quichotte ou même Les Misérables, mais il faut tout de même constater que dans l’écrasante majorité des cas, elle améliore les œuvres.

    Même pour moi qui suis un adepte de la saturation d’information et des intrigues rococo, je coupe, je taille, je colmate des personnages, je saute des pages, j’efface des événements.

    Aimé par 1 personne

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