You have to identify with your situations and characters, can’t just write ‘cool’. What would make YOU act that way ?
Tu dois t’identifier à tes situations et tes personnages. Tu ne peux pas te contenter de les faire agir ainsi parce que c’est « cool ». Qu’est-ce qui te ferait agir de la sorte ?
[Que sont les règles d’or Pixar ? C’est expliqué ICI]
Cela t’est forcément déjà arrivé alors que tu lisais un livre ou visionnais un film : tu regardes la scène se dérouler, et tu te dis « c’est ‘classe’, mais c’est débile : pourquoi le personnage ferait ça ? ».
Ce conseil Pixar met en garde les auteurs au sujet de la crédibilité de leurs scènes : c’est bien beau d’avoir une idée spectaculaire, encore faut-il que les personnages aient de véritables raisons d’agir comme ils le font.
C’est un conseil qui reboucle avec plusieurs articles Pixar, comme celui sur l’honnêteté (conseil 15) et les principes d’objectifs (conseil 16). Mais l’ennemi visé ici est surtout l’enthousiasme de l’auteur et sa tendance à aimer les scènes impressionnantes et grandioses, au détriment parfois de la crédibilité.
La soif d’originalité
Le marché des histoires est saturé : nous baignons dans un environnement où nous avons accès à une multitude de livres, films, BD ou séries. Les auteurs sont de plus en plus obnubilés par le désir de « sortir du lot », et donc de proposer des scènes nouvelles, inédites, incroyables, spectaculaires. En littératures de l’imaginaire, les portes sont grandes ouvertes pour des créations de toutes sortes : environnements fous, créatures bizarres, véhicules et engins de dingues, le tout pour des mises en scènes qui marquent les esprits. Seulement voilà : à force de rechercher du « cool », on oublie parfois le « vrai ».
1er degré
Bien entendu, ce conseil Pixar est à prendre d’abord au premier degré – mais c’est un conseil que tu connais déjà. Mets-toi à la place de ton personnage principal, et respecte un peu de logique : pourquoi irait-il se jeter seul dans la gueule du loup au lieu d’appeler la police ? Pourquoi se disputerait-il si violemment avec la personne qu’il aime pour une broutille si ridicule ? Qu’est-ce que tu ferais, toi, à sa place ? Pourquoi lui ne le fait-il pas ?
Et – bien entendu – cette façon de faire peut s’appliquer à tous les personnages majeurs de ton histoire : pourquoi ton adversaire ne tire-t-il pas alors qu’il a le héros à ses pieds ? Pourquoi cet allié n’avoue-t-il pas au héros ce qu’il a vu au chapitre précédent ?
Si tu ne souhaites pas que les actions des personnages paraissent « forcées », se poser ces simples questions de logique te sauvera la mise bien des fois.
Mais le « cool » nous pousse aussi à des défauts plus subtils…
Étendre le principe au Worldbuilding
J’en parlais ci-dessus : notre recherche d’originalité nous pousse à créer des environnements, des créatures, des magies, des engins.
Or, parfois, un auteur crée un monstre juste pour le plaisir de le faire s’affronter avec ses héros. Il lui imagine une apparence, des capacités, mais se focalise uniquement sur l’intérêt de la scène qu’il a en tête… sans réfléchir un seul instant à la crédibilité de la chose. Comment cette créature vit-elle au quotidien ? Est-elle adaptée à l’environnement où l’auteur l’a placée ? A-t-elle de quoi se nourrir ? Pourquoi a-t-elle développé les capacités dont l’auteur l’a dotée ?
Il en va de même avec de nombreux éléments de nos univers : des lieux conçus de façon complètement absurdes juste pour coller au spectaculaire de la scène, un véhicule qu’aucun ingénieur sain d’esprit n’aurait fabriqué de la sorte, un pouvoir magique qui – s’il existait vraiment – aurait tôt fait d’être détourné pour tel ou tel usage, une épée à la forme terriblement impressionnante et à l’aspect très classe mais qui serait impossible à manier dans une situation réelle, etc.
Je suis sûr que tu souris à ces évocations : les exemples sont innombrables, tant dans la littérature qu’à l’écran. À mon sens, là réside la différence entre un univers qui paraît crédible, solide et réaliste, et un univers « de série B », où les auteurs privilégient le « cool » à la simple logique.
Au-delà de te mettre dans la peau de tes personnages principaux (ce qui est, quand même, le B-A-BA de l’écriture) :
- Mets-toi donc dans la peau des concepteurs de ton univers : ceux qui bâtissent des lieux, conçoivent des véhicules, fabriquent des objets. Demande-toi quels étaient leurs objectifs, leurs moyens, le contexte historique ou technologique.
- Mets-toi aussi dans la peau de Dame Nature : celle qui crée des espèces animales ou végétales. Demande-toi quelles sont les contraintes du milieu, les interactions entre les espèces, qui mange quoi, qui a besoin de développer quelles capacités pour survivre.
Et après – seulement après – vois donc comment toi tu peux exploiter ça d’un point de vue dramaturgique, et comment tes personnages peuvent exploiter ça pour avancer dans l’histoire.
Le « cool » et le « vrai » ne sont pas incompatibles, loin de là, mais il vaut mieux réfléchir au second avant de penser au premier. Justifier a posteriori une invention cool n’est pas toujours possible, et peut générer un surplus d’incrédulité. Tu verras que le « cool » peut très bien venir du « vrai ». Et que lorsqu’il le fait, il a bien plus de poids.
M’enfin, ce n’est que mon avis.
🙂
« Tu n’es pas très cool, comme type.
— Nan, mais moi je suis vrai. »
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Très intéressant, comme toujours, merci 🙂
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Article vrai, et cool 😉
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Quand on me dit le vrai plutôt que le cool, je pense aux innombrables tenues de super-héros très classes visuellement (The Flash, entre autres) mais pour des personnes censées affronter des super-méchants, ne les protègent pas contre grand-chose. Sinon article très pertinent, comme toujours.
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