Apprendre à écrire : à quoi s’intéresser vraiment ?

« Ah, il reconnaît enfin qu’il en a besoin !
— C’est la première étape pour tout un chacun, je crois. »

Si tu débutes dans l’écriture, tu as dû te poser la question : par où commencer ? Il existe un paquet de pièges à ce stade, comme penser que tu sais déjà écrire, ou que « savoir écrire » est surtout affaire de jolies phrases et de poésie, ou encore que « écrire un livre » ne représente qu’une seule et unique compétence. Réflexions.

Les conseils d’écriture disponibles sont rarement les plus utiles

De nos jours, on trouve de nombreuses ressources concernant l’écriture, qu’il s’agisse d’ouvrages de référence, de blogs (comme celui que tu es présentement en train de lire) ou de chaînes YouTube. Plusieurs ouvrages (rédigés par des gens très bien et que j’estime) sont encore sortis récemment. Les réseaux sociaux regorgent de discussions, et chacun y va de son avis ou de ses conseils. Hélas, la grande majorité des sujets abordés ne parlent pas vraiment d’écriture mais de sujet qui tournent autour de l’écriture, comme le processus créatif et l’organisation du travail. Tu trouveras des dizaines de livres ou d’articles de blog à base de « 10 étapes pour rédiger son roman ». Sauf que toutes ces sources se focalisent sur des « pratiques d’auteur » et non les caractéristiques d’une bonne fiction. Ce sont des conseils généralistes et souvent personnels. Tu peux les lire, histoire de voir ce que font les autres, mais rien ne dit que cela te correspondra. Surtout, ce ne sont pas des savoir-faire techniques – et c’est bien pour cela qu’ils sont si nombreux, puisque ces « conseils » ne nécessitent aucune compétence technique pour être donnés.

Comment trouver des idées ? Comment aller au bout d’un projet de texte ? Comment garder sa motivation ? Faut-il écrire tous les jours ? Faut-il faire un plan avant d’écrire (auteurs architecte vs jardinier) ? Faut-il faire des fiches de personnages et si oui que mettre dedans ? Faut-il laisser reposer un texte avant réécriture ? Comment procéder à une bêta-lecture ? Dans quel ordre traiter ses corrections ? Écrire son premier jet d’un trait ou corriger au fur et à mesure ? Écrire le matin ou le soir ? Avec de la musique ou en silence ? Sur papier ou sur ordinateur ? Sur un traitement de texte ou un logiciel spécialisé ? (liste non exhaustive).

Le fait que ces ressources monopolisent l’espace public au détriment d’éléments techniques sur l’écriture elle-même pose un réel problème de fond, car les auteurs deviennent obnubilés par leur façon de se comporter en tant qu’auteur, au lieu de s’intéresser à la pratique concrète de leur art. Et pourtant, il y aurait de quoi dire ! Car pour écrire un bon livre de fiction, il ne te faut pas maîtriser UN champ de compétences pratiques mais bien DEUX : savoir construire une histoire, et savoir l’écrire.

La dramaturgie

Heureusement, parmi les autres ressources relativement faciles d’accès de nos jours, on retrouve pas mal d’éléments de dramaturgie. La dramaturgie, c’est l’art de bâtir et structurer une histoire… parce qu’avant de chercher à aligner de jolies phrases, encore faut-il avoir quelque chose d’intéressant à raconter. Cela inclut de très nombreux sous-éléments essentiellement liés aux personnages, aux conflits qui les animent et à la progression de l’intrigue. La dramaturgie intègre tout un tas de sujets en lien avec la psychologie humaine (la dramaturgie, c’est surtout beaucoup de psychologie). Ces savoir-faire te servent à la fois à développer et incarner des personnages intéressants, mais aussi à savoir comment réagissent les lecteurs à tel ou tel stimuli et comment provoquer chez eux les effets souhaités via la structure de ton intrigue et les événements qui s’y déroulent… pour au final créer chez eux de la satisfaction.

Qu’est-ce qui crée de la tension dans un texte ? Quelle est la différence entre mystère et suspense, ou entre désir et besoin ? Comment fonctionne l’humour ? Pourquoi mettre en valeur la ligne directrice d’un récit et comment souligner ses enjeux ? Comment intégrer un thème dans une histoire ? Comment concevoir un bon obstacle narratif ? Comment mettre en place les préparations-paiements ? Comment choisir le meilleur personnage de point de vue pour mon récit ? Comment rendre un personnage attachant ? Comment bâtir un bon climax et conclure ton histoire de façon satisfaisante ? (liste non exhaustive).

La dramaturgie est un sujet d’étude si ancien que, même si les théoriciens ne sont pas tous d’accord sur tous les détails, on commence tout de même à disposer d’éléments sacrément solides sur ce qui fonctionne ou sur ce qui ne fonctionne pas dans un récit. Lis tout ce que tu peux sur ce sujet : tous les professionnels qui s’expriment sur la dramaturgie sont intéressants, aussi bien sur leurs points communs que sur leurs désaccords. Le sujet est si vaste que je ne connais aucun livre qui passerait tout en revue, mais il existe de bons livres sur certains points spécifiques, et tu ne devrais pas trop avoir de mal à trouver des ressources sur internet pour compléter les sujets qui t’intéressent (je te cite quelques références en fin d’article).

***

Hélas pour les auteurs, il est tout à fait possible d’être un excellent dramaturge tout en étant un très mauvais écrivain… tout comme il est possible d’avoir une plume extraordinaire et d’être un dramaturge très médiocre. Au cinéma ou dans la BD, il est d’ailleurs fréquent que le scénariste soit une personne distincte du réalisateur ou du dessinateur. En littérature, c’est peu commun : si tu souhaites écrire un bon roman de fiction, tu dois maîtriser les deux ; à la fois la partie conceptuelle et la partie exécution. Il te faudra bâtir une histoire et des personnages, oui… mais il faudra aussi savoir les écrire.

La narration

Ce que j’appelle narration sur ce blog est l’exécution de l’écriture, dans tout ce qu’elle a de plus concret : assembler des mots sur une page. C’est – de façon assez alarmante – le sujet le moins abordé dans les guides d’écriture ou sur internet. Il est très difficile de trouver de bons ouvrages techniques ou des articles pertinents qui parlent concrètement d’écriture. Personne n’apprend aux auteurs à écrire, parce que tout le monde (y compris les auteurs eux-mêmes) pense qu’écrire, ils savent le faire depuis l’école primaire.

Quand je discute de ce sujet de « l’écriture proprement dite » avec des auteurs, la plupart ne pensent qu’à une seule chose : le style. Pour beaucoup, « bien écrire » est uniquement affaire de jolies phrases, de vocabulaire élégant et de musicalité. Or, le style n’est qu’une composante de la narration, et pas vraiment la composante principale. C’est ce qui fera d’un bon texte un roman formidable, mais ton style ne te servira à rien si tu ne maîtrises pas certaines bases de narration bien plus importantes… et hélas bien moins maîtrisées par celles et ceux qui débutent.

  • Savoir choisir la narration appropriée en fonction d’un projet de texte (1ère personne, 3ème personne focalisée, narrateur omniscient, autre narration plus atypique ? Emploi d’un cadre narratif spécifique ? Au passé, au présent ?)
  • Savoir écrire et tenir chacune de ces narrations sur la durée (elles ne s’écrivent pas pareil du tout, et ce n’est pas parce que tu es à l’aise avec une narration que tu sais écrire avec une autre – et ça, peu d’auteurs novices le réalisent)
  • Savoir quand montrer ou raconter, et savoir le faire (un concept important mais si mal compris)
  • Savoir écrire des descriptions, ou encore rédiger des dialogues (deux aspects bien différents de l’écriture)

La plupart du temps, les auteurs novices ne réalisent même pas qu’ils passent à côté de ces sujets : ils ne savent pas qu’ils existent, qu’il s’agit de savoir-faire distincts, techniques, qui ne provoquent pas le même rendu dans leurs écrits. De même, le grand public n’a pas conscience de cela, et donc les serviables bêta-lecteurs qui aident à relire les manuscrits non plus. Ainsi, la plupart sauront dire aux auteurs « qu’il y a un problème » avec tel ou tel passage, mais sans être capables de l’identifier (ils auront alors recours à des phrases clichées qui veulent tout et rien dire, comme « il y a des longueurs », « ce passage est trop écrit », « ce personnage est plat »). Je croise aussi beaucoup d’auteurs qui ressentent eux-mêmes que quelque chose ne va pas avec leur écriture, mais ils sont incapables de diagnostiquer un problème de narration, car ils ne savent pas ce que c’est. C’est bien dommage que ces sujets soient si peu abordés dans les livres et les blogs d’écriture, parce que même avec la plus belle histoire du monde, si tu es à côté de la plaque côté narration, cela ne captivera personne.

Au passage, je rappelle que maîtriser l’orthographe, la grammaire ou la typographie fait aussi partie des aspects techniques de la narration (et là, pas d’excuse, il existe plein de ressources fiables disponibles, et si c’est le travail de l’éditeur d’éliminer les coquilles, c’est ton job d’en créer le moins possible). Une fois que tu maîtrises tout cela, alors seulement tu peux commencer à t’inquiéter de ton style (mais on retombe ici dans les aspects très personnels de l’écriture, son côté créatif et un peu mystique – le style, personne ne peut te l’enseigner, c’est quelque chose que chacun développe avec le temps). Je te conseille de faire les choses dans l’ordre : on ne s’occupe pas de meubler et décorer la maison avant d’avoir peint les murs ou posé le carrelage. Si tu débutes, ne le prends pas mal, mais tu es loin d’avoir le niveau pour t’inquiéter « d’avoir du style » et tu as beaucoup de choses à apprendre avant cela.

Ressources utiles

De façon générale, ce qui me semble le plus important est de réaliser que la dramaturgie et la narration sont des champs d’études vastes qui comprennent plein de sujets divers. Ainsi, mon premier conseil est d’éviter les livres ou les articles qui te proposent dès leur titre de « t’apprendre à écrire un roman ». Cela, c’est un sujet trop vaste, aucun ouvrage ne pourra jamais t’apprendre ça. Tu peux être sûr que de tels ouvrages sont ultra généralistes et ne feront que survoler (de très haut) les sujets qui t’intéressent sans jamais entrer dans le détail qui te serait utile. De mon expérience, les ouvrages de référence qui sont intéressants sont ceux qui se focalisent sur UN aspect de la dramaturgie ou UN aspect de la narration. Il en va de même avec les articles de blogs ou les vidéos. Et oui, désolé, cela signifie que pour progresser dans ton parcours d’auteur, il te faudra en ingurgiter beaucoup. On aimerait tous pouvoir simplifier un champ d’étude qui nous intéresse ; on aimerait tous qu’apprendre à écrire un bon roman soit un savoir qui puisse être condensé dans un seul bon ouvrage qu’on apprendrait par cœur en une seule fois. Mais ce n’est le cas pour aucun art ni artisanat, et donc ce n’est pas le cas pour l’écriture non plus. Cet article n’est pas du tout sponsorisé, mais je te parle ci-dessous de livres qui m’ont aidé.

Les ressources qui m’ont le plus aidé en dramaturgie :

La dramaturgie de Lavandier, ou encore Story de McKee sont des livres qui parlent essentiellement de structure narrative (ils abordent beaucoup de sujets liés à la dramaturgie, mais se concentrent surtout sur la structure des histoires). Ce sont de bons livres que j’ai trouvé passionnants et utiles, mais attention : structurer un récit n’est qu’une toute petite partie de la dramaturgie. Apprendre à le faire est important, mais maîtriser ta structure narrative ne suffit pas à faire de toi un dramaturge.

C’est pour cela que l’ouvrage que je préfère et recommande toujours est plutôt L’Anatomie du scénario de Truby, car c’est à mon sens celui qui fait le mieux le lien entre structure de l’histoire, construction des personnages et développement d’un thème précis… même s’il explique tout ça de façon assez théorique et que certains auteurs l’ont lu sans le comprendre. Dans mes lectures récentes, Story Genius de Lisa Cron est bien plus moderne dans son approche (seulement en anglais en revanche, désolé). Elle laisse le côté « structure » un peu de côté (tant mieux) : sa méthode se concentre sur le traitement d’UN sujet au travers d’UN personnage, et tout ce qui est créé dans le récit sert le développement de ce point précis. Elle pose d’excellentes questions et donne de pertinentes réponses. Elle dit globalement les mêmes choses que Truby, mais présente les choses d’une autre façon, plus claire et abordable pour des novices en dramaturgie (il faut juste dépasser l’égo de ces auteurs américains qui prétendent tout au long du livre que seule leur méthode est la bonne, alors qu’ils disent plus ou moins tous la même chose :))

Tous ces guides ont un défaut : par nature (puisque ce sont des guides d’écriture) ils s’adressent à des auteurs comme moi, c’est-à-dire des auteurs « architectes », qui préparent leurs histoires avant de les écrire. Cela semble logique : qui écrirait des guides d’écriture à destination des auteurs « jardiniers », qui improvisent leurs histoires au fur et à mesure ? Pourtant, la dramaturgie s’applique à tout le monde et toutes les histoires. Les jardiniers sont obligés de lire ce type de guide et d’appliquer ça à leur manière (le plus souvent, à la fin de leur premier jet, pour essayer de remettre de l’ordre dans leur manuscrit). Qu’ils ne désespèrent pas et lisent donc Le Langage de la nuit, un essai sur l’écriture d’Ursula Le Guin : cette autrice fameuse, pure jardinière, vous expliquera que les auteurs architectes ne comprennent rien à l’écriture (je ne suis pas ironique en vous le recommandant, c’est un essai passionnant, c’est Ursula Le Guin).

Bien sûr, j’aborde divers sujets de dramaturgie sur ce blog ou sur la plate-forme Scribbook. Mais si tu lis l’anglais, je te conseille fortement les articles du site Mythcreants (des professionnels de l’édition). Les articles de la rubriques « storytelling » te parlent d’intrigues et de personnages, à chaque fois sur un sujet précis ou une problématique spécifique. La rubrique « worldbuilding » est passionnante si tu es un auteur de littératures de l’imaginaire. Je trouve plus utile d’ingurgiter ces multiples connaissances spécifiques plutôt que de lire un ouvrage généraliste.

Classiques, simples mais efficaces, les célèbres 22 conseils des studios Pixar sont d’intéressantes pistes dramaturgiques qui peuvent t’aider : ce ne sont que des punchlines, mais elles mettent en reliefs différents sujets que je t’invite à réfléchir et creuser. Je m’étais d’ailleurs amusés à les passer en revue sur ce blog.

Selon ce que tu préfères consommer (livres, articles, vidéos, podcast), fais donc quelques recherches à « dramaturgie » ou « storytelling », les ressources ne manquent pas et il en existe sans doute beaucoup d’excellentes que je ne connais pas : si tu as des références à proposer, indique-les en commentaire !

Les ressources qui m’ont le plus aidé en narration :

Personnages et points de vue d’Orson Scott Card est le premier livre à m’avoir fait toucher du doigt à quel point l’emploi d’une narration plutôt qu’une autre changeait tout dans un texte… et à quel point écrire en utilisant une certaine narration était une compétence différente que d’écrire avec une autre. La dernière partie de l’ouvrage sur les points de vue, avec ses nombreux exemples, devrait être lue par tout débutant en écriture.

Peu de temps après la publication initiale de cet article, est paru Comment écrire de la fiction, de Lionel Davoust. Comme son titre le suggère, c’est un ouvrage généraliste qui survole de trop haut les différents sujets pour être véritablement concret (et – comme l’ouvrage de Card d’ailleurs – il ne parle donc pas que de narration). Néanmoins, il a en réalité le même but que cet article : évacuer les sujets qui obnubilent les débutants et qui sont sans intérêt, et pointer du doigt les sujets qui sont véritablement utiles à la progression dans l’artisanat qu’est l’écriture. Ce livre te dit grosso modo la même chose que cet article (« forme-toi et travaille »), mais en bien plus détaillé, en bien plus clair et – parce que c’est quand même Lionel Davoust – en bien plus élégant.

Bien sûr, puisque ces sujets liés à la narration m’intéressent particulièrement, je les aborde moi-même sur ce blog ou sur la plate-forme Scribbook. Mais si tu lis l’anglais, je te conseille fortement les articles de la formidable Chris Winkle du site Mythcreants (des professionnels de l’édition). Avec ses commentaires détaillés de premiers chapitres (voir rubrique « writing ») ou ses articles théoriques toujours truffés d’exemples (voir rubrique « analysis »), c’est surtout elle qui m’a fait prendre conscience des mécanismes des différentes narrations, des avantages et inconvénients de chacune, et des points de vigilance à garder en tête quand on les utilise.

À part cela en français, côté narration, c’est assez vide. Je reste stupéfait de voir qu’il s’agit de savoirs considérés comme du B-A-BA chez les anglo-saxons, alors que je ne connais à ce jour AUCUN ouvrage français qui les aborde (plusieurs livres ou articles web disent bien qu’il existe plusieurs narrations et les listent, mais aucun n’explique à quoi elles servent, comment choisir la plus adaptée à son projet, et surtout comment les écrire concrètement). Je sonde régulièrement les réseaux sociaux sur ce point : si tu connais des ressources intéressantes en français concernant la gestion des narrations, fais-moi signe, ça m’intéresse !


Être un bon écrivain demande deux compétences principales : savoir imaginer de chouettes histoires, et savoir les écrire. Le plus souvent, un auteur est plus à l’aise sur un sujet que sur l’autre, car ces savoirs demandent des dispositions d’esprit différentes (voire, peut-être, opposées). C’est bien pour cela que les excellents auteurs – qui sont à la fois de bons dramaturges et de bons écrivains – sont finalement peu nombreux.

Pourtant, il faut bien les deux pour écrire un excellent livre ! Si tu bloques dans ton écriture, ne crois pas forcément que tu te heurtes à un problème d’emploi du temps, d’inspiration ou de rangement de ton bureau : accepte que ce soit plus probablement un problème de compétence, soit au niveau conceptuel (il y a un problème avec ton récit et tes personnages) soit au niveau de l’exécution (il y a un problème avec ta façon d’écrire).

Et alors ? Eh bien formes-toi. Dans les deux domaines. Parce que tu ne pourras jamais résoudre un problème de dramaturgie avec des mots, ni corriger un problème de narration avec tes personnages ou ton scénario.

M’enfin, ce n’est que mon avis…


Sur la même thématique :
La technique bride-t-elle la créativité ?
Choisir ses conseils d’écriture

(22 commentaires)

  1. Hello !
    Je n’ai jamais commenté un de tes articles, pourtant je peux t’assurer que je les lis assidûment. Je voulais simplement te faire savoir que tout ce que tu partages ici est d’une richesse cruciale, et que ça m’aide beaucoup. Du coup, merci, du fond du coeur, et merci de continuer à nous aider à explorer ces différentes facettes, parce qu’effectivement, je ne les trouve nulle part ailleurs ^^

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  2. Formidable ! Je ne connais pas Lionel Davoust, je vais commander ça illico presto. Concernant la diarrhée d’articles (affligeants) sur « comment ranger votre bureau pour écrire mieux et plus », je crois qu’ils sont dus aux basiques conseils marketing que tout blogueur subit au démarrage pour peu qu’il s’intéresse à la façon d’être « visible » par l’algogol. Les articles « listes » sont ceux qui marcheraient le mieux, et il faudrait en écrire plein pour sortir du lot. Sauf qu’à ce jeu, on n’est visible que par les clampins lambda (contre qui je n’ai rien de particulier) qui cherchent comment organiser leur bureau, et pas du tout comment écrire leur roman. Grande confusion aussi par la faute des pros du marketing (ah les salauds!) qui se sont emparés du storytelling pour vendre leur salade et qui eux, sont bien visibles. Résultat, apprenez comment raconter une histoire pour mieux vendre votre roman autoédité sur Amazon (temps de lecture, 10 minutes). Un type comme André Dubois, par ailleurs très compétent dans son domaine (le marketing) conseille de bonne foi aux écrivains débutants de pondre trois romans par an et de les promouvoir comme des chaussettes pour vivre à 100% de leur activité d’auteur. Nous avons eu un échange un peu rock n’roll lorsque je lui ai suggéré de modérer ses propos qui révèlent une totale méconnaissance des processus créatifs et risquaient d’en envoyer pas mal dans le mur.
    Pour les articles, j’aime bien lire Yves Maynard (https://www.revue-solaris.com/pour-les-ecrivains/dossier-special-comment-ne-pas-ecrire-des-histoires/), généraliste mais de bon sens, Nicolas Kempf, Julien Hirt… et parce qu’étudier comment font « les bons » reste une excellente façon d’apprendre, je suis une grande fan des chaîne YouTube de JP Depotte, l’Alchimie d’un roman et l’Alchimie l’écriture.

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    1. Lionel Davoust a quitté les réseaux sociaux (« réseaux commerciaux », comme il dit) mais il reste très productif sur son blog. Il anime aussi le podcast Procrastination avec Estelle Faye et Mélanie Fazi. C’est surtout un auteur de fantasy à l’aura croissante (et aux bouquins bien épais 😉). C’est en outre quelqu’un de très sympathique et de fort accessible, dans les propos duquel je me retrouve énormément.

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  3. Pour le point précis de l’écriture de dialogues, j’aime bien « Story – Ecrire des dialogues pour la scène et l’écran » de McKee.
    Cet ouvrage n’est pas exhaustif non plus, mais il donne de sacrées bonnes pistes de réflexion.

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  4. Merci pour cet article!
    La raison de la prolifération de conseils « de basse qualité » me semble assez simple.
    Le « marché » des aspirants auteurs est très très similaire à celui du développement personnel.
    -> des gens avides de réponses
    -> sur un domaine où il faut beaucoup travailler pour avancer
    -> donc les gens qui ne comprennent pas qu’il faut travailler continueront à chercher des réponses, en vain
    -> et seront très sensible à tout markéting leur offrants ces réponses

    Au final, il n’y a pas de demande pour des ressources sérieuses, et par conséquent aucune offre ne se développe.

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    1. Il y a du vrai là-dedans, et je me suis fait la réflexion par rapport au travail diffusé par Mythcreants : chez les anglo-saxons, il y a pas mal d’éditeurs freelance, et pour attirer les auteurs ils ont intérêt à faire leur promo. C’est pour cela qu’ils passent tant de temps à publier des articles techniques pour (quelque part) prouver et justifier de leur compétence, ce qui attire les auteurs. En France, je ne connais aucun éditeur qui communique sur son travail : ce sont les auteurs qui bloguent, pas les éditeurs… et quelque part, ça manque, car la grande majorité des gens, (auteurs compris) ne comprennent pas le travail technique lié au texte.

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  5. Hello Stéphane,

    J’admire la pertinence et la limpidité de cet article.

    J’ai deux commentaires :

    On peut lire tous les manuels de référence sur la dramaturgie, étudier les concepts, et ne pas parvenir à l’appliquer dans la construction de ses propres histoires. Il y a un palier entre connaissance théorique et maitrise technique. Je peux avoir réussi l’examen du Code de la route, et ne pas dominer mon véhicule sur la route. J’ai vu que tu proposais des exercices pour travailler des points de narration. Comptes-tu également mettre en ligne des exercices de construction d’histoire?

    Tu écris que les ressources utiles à celui qui veut progresser dans l’écriture d’un roman ne sont pas disponibles en français. Tu produis un énorme travail de conceptualisation de tes réflexions. Est-ce que tu penses à écrire cette bible?

    En tous cas, merci à toi,

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    1. S’exercer est évidemment indispensable pour progresser, mais il y a une limite à ce qu’on peut faire sur un blog. Au-delà de petits exercices (comme ceux que je tente en ce moment), il faut oser écrire des nouvelles et les soumettre, puis tenter des textes plus longs. Les auteurs doivent prendre en main leurs propres progrès. De plus, comme l’explique bien Lionel Davoust, il est très difficile de travailler l’écriture sans le faire dans son ensemble. Je ne vois pas comment créer des « petits exercices » de dramaturgie : il faut écrire des histoires complètes. Mais peut-être que des idées viendront !

      Quant à la seconde question, je critique dans cet article l’idée selon laquelle un ouvrage peut généraliser et regrouper ces questions de façon utile. Donc je me vois mal me lancer moi aussi dans ce filon, ce serait très hypocrite. Mais je pense qu’il y a d’autres options, plus utiles et efficaces, et j’ai une ou deux idées en tête. J’en reparlerai quand ce sera plus abouti dans mon esprit.

      Merci pour ton commentaire !
      🙂

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  6. Merci pour cet article. Effectivement j’en ai vite eu marre des articles du style « vous organiser pour écrire…». J’ai commencé L’anatomie du scénario de John Trudy mais mon soucis est que j’ai peu les références dont il se sert comme exemple et du coup j’ai souvent du mal à bien comprendre ce qu’il dit. Je vais aller voir du coup les autres sources que tu donnes 🙂 et explorer ton blog que je ne connais pas encore 🙂

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    1. Oui, c’est compliqué : les ouvrages de dramaturgie les plus en vue sont un peu datés et prennent généralement leurs exemples dans le cinéma (et un cinéma un peu ancien, donc). Peut-être qu’un de ces quatre un auteur ou un éditeur français aura l’idée de proposer un guide pratique du même genre avec des exemples actualisés ?

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  7. Je débute depuis un mois environ. Je suis tentée depuis longtemps mais… Et puis là j’ai eu une idée et je me suis dit : vas y cette fois ! On verra bien !
    J’ai un boulot qui prend un peu trop l’esprit et c’est aussi un moyen de m’évader l’esprit et de me motiver pour bosser plus vite pour rejoindre mon projet 😉
    J’ai tout de suite eu conscience que ce n’était pas inné : je me forme donc pour l’instant via les blogs, YouTube et je suis inscrite à une formation en ligne et à groupe de discussion pour échanger et demander des conseils.
    Mais j’ai vite eu le sentiment qu’il faut pratiquer en même temps sinon ça reste dans le vide et on ne comprend pas tous les conseils. De ce fait, en parallèle, je développe mon idée, mes personnages et leurs relations : cela m’aide à appliquer les conseils que je lis. Je ne sais pas si c’est la bonne méthode mais elle semble me convenir pour l’heure.
    Pour être franche, c’est une fan fiction dans le sens où mon personnage principal (que je crée) rejoins un univers déjà écrit pour une histoire se déroulant entre deux épisodes de la série : cela me semble plus facile pour deux raisons.
    D’une part, en débutant, cela simplifie la tâche : je dois créer l’univers de mon personnage principal mais les autres sont déjà créés. Je dois aussi créer la raison de sa présence et nouer des relations entre eux pour qu’il y ait une histoire. Raccrocher à un univers déjà créé allège le travail pour une première fois. Soyons mesuré et raisonnable…
    D’autre part, comme j’adore la série, je suis motivée pour aller plus loin et faire vivre mes personnages préférés et je me dis que cela peut m’éviter le risque d’abandonner en route et donc m’obliger à persévérer.
    Bien évidemment, je n’en attends rien que le plaisir d’apprendre (avant tout), de comprendre, d’analyser et d’écrire. Pas de projet de publication quelconque, notamment vis à vis de l’auteur initial que je respecte bien trop pour lui nuire !
    Alors, après ce message un peu long (pardon), merci beaucoup pour vos conseils : je sens que j’ai plein de choses à apprendre ici 😉

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    1. Plein de bonnes choses dans ce commentaire, et un bon état d’esprit. Au fond, pour ne pas être déçu, il suffit de considérer l’écriture de la même façon qu’un autre art ou artisanat. Personne ne s’attend à faire de grands concerts après un an d’apprentissage de la guitare : il faut y aller petit à petit, apprendre et pratiquer afin de *comprendre* et d’acquérir de bonnes bases. Il y a des moments frustrants, car tout apprentissage est long et que de nos jours nous sommes de moins en moins patients. Mais ce n’est qu’ainsi qu’on devient compétent, et alors le temps n’a pas été perdu. Bonne écriture ! 🙂

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